L'imprudence de Natacha
Le résumé Le récit Les personnages Les pièces annexes
Quand je reçus à leur demande en urgence, Natacha et sa compagne je fus d’emblée frappée par la parfaite harmonie de leur couple (dont j’ignorai la toute récente constitution !). Je suis pourtant habituée à voir de nombreuses associations plus ou moins réussies, mais ces deux-là filaient visiblement le parfait amour et étaient indubitablement faites pour partager la même existence.

Je me suis d’ailleurs inspiré d’elles plus tard, lorsque je me suis mise à laisser dériver ma pensée, pour jeter les bases de « Le grand secret » et qu’un couple de deux jolies jeunes femmes, prenait vie petit à petit pour animer cette histoire.

Un si joli couple !!!
Natacha était une jolie blonde à cheveux mi-longs souples avec de jolis yeux bleus qui devait être âgée d’environ vingt-cinq à trente ans même si elle paraissait un peu moins. Sa compagne Ana-Pia, était une petite brune à la peau mate d’origine probablement méditerranéenne, avec des cheveux plus longs, laissés libres en mèches un peu rebelles et de magnifiques yeux noirs et vifs. Elle devait avoir à peine plus de vingt ans. Leur deux corps semblaient se mouvoir, comme s’ils étaient reliés par un lien invisible, en un pas de deux plein de grâce. Elles prenaient tour à tour la parole, comme si elles exécutaient une partition musicale, écrite spécialement pour elles.

J’adore bien sûr les jolies filles, mais je les regardais pour une fois sans aucun désir possessif, heureuse simplement de voir encore une fois, le magnifique spectacle que peut jouer l’amour quand il trouve ses justes interprètes.

Natacha encore visiblement émue, me raconta ses mésaventures par le détail, tandis que sa brune amie en contrepoint, les commentait avec une vivacité et parfois une rage mal contenue, pour lui permettre de se reprendre un peu.

J’écoutais avec intérêt les confidences de la jolie blonde que son imprudente immaturité à l’époque des premiers faits, avait conduit pour le moins dans « de sales draps ». Malgré l’impressionnante série de turpitudes qu’elle disait avoir été obligée d’endurer, je n’étais pas trop étonnée par son récit, connaissant hélas, la perversité de la nature humaine.

Ana-Pia rapidement annonça leurs fermes intentions de réclamer justice dans les délais les plus brefs.

Ayant mentalement fait très vite le point de la situation où était engagée entre autres, Eugène François M....., l’homme politique de tous les mouvements extrêmes droitiers des vingt dernières années, j’avais déjà bien conscience que l’urgence était ailleurs.

A leur grande surprise je leur dis sans perdre plus de temps qu’il était plus raisonnable de « disparaître » le plus rapidement possible, sans laisser aucune trace, car leur vie pouvaient être sérieusement menacée. Incrédule, la combative petite brunette ne put s’empêcher de protester énergiquement, mais Natacha que des années de séquestration avait rendue plus encline à raisonner, me pria, tout en calmant tendrement l’impulsivité de sa jeune compagne, de leur apporter des précisions et surtout de leur donner les meilleurs conseils.

Je leur expliquai que l’homme dont elle venait me parler était très dangereux sous une apparence publique des plus débonnaires. Le député était en effet connu pour ses relations avec le milieu auquel il ne manquerait pas de s’adresser pour recruter des hommes de mains s’il se sentait un tant soit peu menacé. Ce qui était peut-être déjà fait !

Il comptait sûrement des appuis au MACEC dont les membres policiers et judiciaires ne manqueraient pas de l’alerter dès le début de toute action.

Les deux jeunes femmes déçues et inquiètes à la suite de ce discours qu’en toute conscience j’avais dû leur tenir m’interrogèrent de nouveau.

Je m’efforçai de les rassurer tout de suite, en leur confiant que de mon côté, j’avais d’excellents contacts dans l’administration et que je pourrais les aider « à disparaître » tout en leur permettant de retrouver très peu de temps plus tard une vie normale et une identité . Je leur dis aussi que les initiateurs des sévices que Natacha avaient supportés, au moins pour ceux résidant en France, connaîtraient dans les années à venir, beaucoup de désagréments.

Comme elles semblaient en douter, je leur expliquai sans citer le nom de mon frère Dimitri que j’avais aussi de multiples contacts dans l’administration fiscale et sociale et que j’allais mettre en route une machine impossible à arrêter. Matthieu et ses complices, tout comme Eugène François M. ..seraient bientôt signalés à d’obscurs et zélés fonctionnaires des services des impôts et de collection des cotisations sociales . Simplement par la logique du service où, ils opéreraient, ces derniers ne cesseraient de les harceler comme ils doivent le faire en bons serviteurs des services publics. Au début, il y aurait des demandes de renseignements apparemment banales, suivie par des procédures interminables de vérifications qui finiraient par diligenter elles-mêmes des enquêtes en séries. Quelques « tuyaux » sur des rumeurs à des amis du monde journalistique viendraient relancer périodiquement la machine infernale qui s’alimenterait également de tout ce qu’elle ne manquerait pas de trouver dans la comptabilité de ce beau monde. La multiplicité des fonctionnaires opérant avec une obstination toute mécanique et en ordre dispersé rendrait inopérante toute réaction violente. Cela finirait par faire prendre de la distance « aux amis » tels que ceux du MACEC qui ne désireraient pas garder des liens trop étroits avec des personnes devenues peu fréquentables. Inexorablement, les mauvaises nuits se succèderaient pour tout ce beau monde avant la ruine et probablement la prison bien plus sûrement qu’avec un retentissant procès. Tout cela pourtant ne viendrait au départ d’une simple demande d’information , concernant les conditions dans lesquelles Mademoiselle Natacha N. aurait été employée à leur service.

Avant tout cela, il fallait vite mettre en sécurité les deux trop jolies filles, si attendrissantes, quand on les sentait vibrer passionnément l’une pour l’autre. Il aurait été dommage que le monde soit en privé prématurément !

Je les expédiai dans la foulée dans la maison du bord de mer dont je partage la jouissance avec Dimitri depuis la mort de notre père.

Reconnaissantes, elles vinrent spontanément m’embrasser pour me remercier. J’eus un petit pincement au cœur en les voyant disparaître car j’aurais volontiers approfondi un peu plus notre relation qui malheureusement n’était restée que très professionnelle, mais il me fallait être raisonnable.

Aujourd’hui, je n’ai pas eu de nouvelles depuis quelques temps de mes deux « protégées », en revanche, je sais que les choses ne vont pas très bien pour les autres et je m’en réjouis.

Je ne suis pas inquiète pour Natacha et Anna Pia. Je suis persuadée qu’elles continuent à filer le parfait amour et n’est-ce pas le plus important finalement ?